Une cité-archipel, avec des trames vertes où la campagne côtoie l’espace urbain, des trames bleues gérant durablement les cours d’eau, des parcs solaires et éoliens pour une énergie renouvelable. Telle est l’objectif affirmé de la ville la plus ensoleillée de France, Perpignan.
Dans une agglomération moyenne comme Perpignan - quelque 250.000 habitants-, nous avons choisi une approche sensiblement différente: le concept de ville-archipel. Un espace urbain, qui doit certes être dense en son centre, mais qui vit en bon voisinage avec des îles-villages, qui accueille les trames vertes des terres agricoles, les trames bleues des cours d'eau, et qui recherche son auto-suffisance en énergies renouvelables. (voir le plan Grenelle 2015)
Le but est d'aller clairement vers un développement durable, socialement durable, économiquement durable, et respectueux de l'environnement et de la biodiversité.Voilà certes un concept à... contre-courant de la pensée actuelle qui tourne un peu trop autour d'une idée simple: faire un tramway et densifier autour!
LA TRAME VERTE, SOCIALEMENT DURABLE
Qu'est-ce qu'une trame verte et comment contribue-t-elle au socialement durable dont je viens de parler?
Alphonse Allais voulait mettre les villes à la campagne. L'idée est de mettre la campagne à la ville. Certes, on ne peut pas procéder ainsi partout, notamment dans les grandes métropoles. Mais quand on le peut, beaucoup de choses deviennent possibles.
En mots très simples, le citadin de Perpignan est en quelques minutes tout près des salades et des vignes. Avec une agriculture péri-urbaine, les circuits courts, tellement indispensables à la survie de l'agriculture française -et tout particulièrement méditerranéenne- peuvent être mis en place. Le rapport du citoyen à la nature, à l'alimentation devient différent. L'agriculteur n'est plus un assisté. Il n'a plus à venir défiler dans la capitale, sur les Champs-Elysées, pour qu'on pense à lui!
Bien sûr, pour cela, il faut affirmer l'identité villageoise, la densifier. Il ne faut pas que le village se déstructure avec des lotissements type villas-piscines qui les transforment en villages dortoirs, sans âme, sans lien social.
Au contraire, le concept d'Archipel, permet d'intégrer chaque village comme une entité à part entière, une île, avec ses avantages traditionnels: une vie sociale, une vie démocratique, la mixité dont on rêve, c'est-à-dire qui accepte les vieux, les jeunes, les handicapés, les éthnies différentes. Le village est en effet, un système de vie qui fabrique un exceptionnel contrôle social, alors que la grande ville fragmente, exclut, produit de la ségrégation sociale.
Pour arriver à cela, il faut également, sanctuariser les terres agricoles!
Il y a moins de 10 km à vol d'oiseau entre Perpignan et la mer : il n'a pas été facile d'enlever les droits à construire sur tous les terrains qui étaient urbanisables, pour les mettre en zone agricoles et viticoles. Mais aujourd'hui, il y a là un plateau viticole avec de jeunes viticulteurs alors que la plupart des villes proches de la mer ont aujourd'hui rejoint le rivage le plus souvent par un déferlement de lotissements villas-piscines.
Encore récemment, nous avons acheté 30ha de vignes au sud de Perpignan: un tiers a été maintenu en vignes patrimoniales, avec des ceps de 40 ou 50 ans, un tiers converti en blé, et un tiers concédé à l'association de chasse pour l'implantation de lapins et de perdreaux! Ainsi, on protège durablement la trame verte.
LA TRAME BLEUE, UNE BONNE GESTION DE L'EAU
Les trames bleues, elles, sont constituées autour de nos cours d'eau. Ce sont des rivières, des torrents méditerranéens sujets aux débordements, et quand il pleut dix heures, tout le monde est sous l'eau.
Nous avons fait des bassins de retenue, des espaces qui pénètrent dans la ville et qui fabriquent la trame bleue. Donc faire d'un mal un bien. Se protéger des zones d'inondations, en constituant des bassins de retenue qui servent de support à des parcs. C'est l'exemple de Sant Vicens, où l'on travaille sur toutes les essences méditerranéennes, sur la sauvegarde de la faune et de la flore, sur la récupération de l'eau pour l'arrosage, sur le développement de plantes économes en eau. Bref, une gestion durable de l'eau et de la biodiversité.
Enfin un axe essentiel de notre action, développée par le programme Grenelle 2015 qui est notre déclinaison et notre engagement local pour le Grenelle de l'environnement, est l'accent mis sur le développement des énergies renouvelables. Nous voulons devenir vite le premier territoire à énergie positive 100% renouvelable en Europe!
Perpignan étant la ville la plus ensoleillée de France, croit en l'énergie solaire. Son intérêt est que c'est une énergie très décentralisée. Sa logique, à terme, est d'être consommée sur place, pas d'être vendue et transportée ailleurs. Quand l'énergie solaire sera arrivée à maturité, on peut imaginer que les gens produiront l'électricité qu'ils consomment.
Ce n'est pas le cas de l'énergie éolienne car on imagine mal un environnement avec des petites éoliennes sur chaque toiture. En revanche, l'énergie éolienne, dans une région qui bénéficie de vents réguliers, assure un apport réel en terme de puissance. Encore faudrait-il que l'on ne multiplie pas les obstacles. La France est en retard par rapport à l'Allemagne et à l'Espagne. Le travail de la commission Ollier est très défavorable au développement de l'éolien et j'ai été conduit à tirer la sonnette d'alarme au Sénat. Localement, c'est Méteo France qui découvre soudain que le parc que nous prévoyons, étant à mois de 30 km de ses grosses installations radar, gêne la collecte de ses informations. Ou ce sont encore les associations -généralement de gens qui n'habitent pas à proximité - qui contestent les éoliennes au nom de la protection des paysages. Alors que précisément le site choisi l'a été pour son impact limité sur les grands horizons de nos Pyrénées Catalanes.
Mais nous poursuivrons notre objectif de couvrir, d'ici 2015, l'équivalent de la consommation électrique résidentielle de l'ensemble de l'agglomération Perpignan-Méditerranée. C'est-à-dire produire autant d'électricité d'origine renouvelable qu'en utilisent les habitants.
Nous devons être très ambitieux. Concevoir la ville de demain, c'est établir une stratégie claire, adaptée à la taille et la spécificité de la ville, et c'est aider au changement du comportement des citoyens et des entreprises: c'est par exemple, pousser les uns à adopter le chauffe-eau solaire, les autres à installer systématiquement des panneaux solaires sur les toits de leurs hangars et locaux. C'est avoir une approche multiple, transversale, avec des objectifs de performance économique, de cohésion sociale et de qualité de vie.
(propos recueillis par Yves de Saint Jacob)
http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr
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